3 questions à Dominique Beaucé, coordinateur pédagogique numérique à la mairie de Quimper


(4 avril 2023)


1. Quel est ton parcours dans l'inclusion numérique ?

Dans les années 2000, au tout début d’internet, j’étais animateur dans une Maison Pour Tous (MPT) Quimpéroise et j’ai commencé à faire des petits sites web avec les ados lors de nos accueils itinérants dans un bus à étage puis dans un camion (semi-remorque aménagée). C’était également l’époque des « fêtes de l’internet », organisées conjointement avec Orange qui permettaient aux habitants du quartier de découvrir les innovations technologiques (début de l’ADSL, visio conférences, début des réseaux sociaux…).

En 2005, en plus de ces accueils pour adolescents, nous avons mis en place un « cyber-bus » à destination des pré-ados, doté de 5 ordinateurs connectés sur internet (sans la wifi à l’époque ... tout un programme), webcam, imprimante, APN… Les animations numériques mises en place étaient particulièrement à destination des 10-14 ans, même si des actions familles permettaient à tous de découvrir ou se perfectionner. Ce local itinérant avait l’habilitation « cyber-base », gérée par la Caisse des dépôts et consignations. Des rencontres régulières avaient lieu entre les animateurs des trois cyber-bases de Quimper, les prémices du collectif numérique actuel.

En 2009, j’ai quitté la MPT en tant qu’animateur permanent pour exercer en tant que webmaster dans une association. C’est à cette période que, pour compléter les recettes de cette association, j’ai commencé à donner des formations numériques dans les centres sociaux, les MPT, des centres de formation de Cornouaille. Dès 2010, nous avons mis en place des permanences numériques à la MPT d’Ergué Armel et au centre social de Pont l’Abbé une fois par mois.
En 2016, j’ai créé mon activité indépendante de médiation numérique (comportant des interventions à domicile dans le cadre du service à la personne).

En 2021, j’ai commencé à la mairie de Quimper en tant que coordinateur pédagogique numérique. Nous sommes deux Conseillers numériques France Service à intervenir à Quimper. Là encore, nous avons fait le choix de l’itinérance. Chaque jour, nous nous rendons dans différents quartiers de la ville, au plus près des habitants pour proposer des permanences, des ateliers, des stages, des rencontres et échanges sur la culture numérique.

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2. Quelles évolutions observes-tu chez les publics que tu accompagnes depuis 20 ans ?

Depuis le démarrage, les usages du numériques ont bien changé, mais les comportements des publics les plus éloignés, notamment les seniors, restent les mêmes. Il y a toujours un gros travail à faire pour dédramatiser, pour enlever des angoisses, pour apprendre à regarder, lire, analyser ce que propose l’outil, quel qu’il soit.
Cette peur du numérique s’est même accentuée ces dernières années avec les dématérialisations des démarches administratives, les complexités liées aux multiplications de supports (ordinateur, smartphone, tablette) et aux risques (réels ou exagérés) d’arnaques et de piratages.

Dans les années 2010, lorsqu’une personne, au cours d’un stage, me disait que l’informatique, ce n’était pas fait pour elle, je pouvais lui répondre de faire une autre activité, et de laisser tomber. Actuellement, je ne peux plus lui répondre cela et je suis obligé d’être d’accord avec elle sur le fait que maîtriser le numérique est obligatoire, pour l’administratif, l’achat de billets de train, contacter la famille...

Au début, la plupart des stagiaires étaient totalement novices, n’avaient souvent même jamais allumé un ordinateur. Actuellement, la plupart des apprenants ont déjà utilisé un outil numérique (ordinateur dans leur vie professionnelle, smartphone …) mais il leur manque des bases et l’outil est plutôt vécu comme source de stress.

3. Peux-tu nous présenter une action phare menée à Quimper ces derniers mois ?


Dans le cadre de mon travail de coordination, j’ai mis en place le « collectif numérique Quimpérois » qui regroupe les animateurs, salariés ou bénévoles, jeunes ou retraités, qui œuvrent en tant que médiateur numérique sur la ville.

Dans cette instance, les échanges ne se font pas de structure à structure mais entre encadrants, sur des échanges de pratiques et des mises en place de projets communs.

Une douzaine de personnes se retrouvent environ une fois par mois, et nous avons mis quelques projets en place, dont une plaquette d’information à l’échelle de la ville qui permet à chaque usager de trouver le bon interlocuteur en fonction de ses besoins. Nous avons également mis en place deux animations collectives : découverte des appli QUB (transports agglomération Quimpéroise) et création d’identités numériques pour plus de 20 personnes lors d’une séance en collaboration avec la poste.
Ce collectif a également permis de créer et de renforcer des partenariats (orientation des publics, participation à un festival du jeu, soutien aux encadrants bénévoles).

Je ne sais pas si ensemble on ira vraiment plus loin, mais sans quand même sacrément plus sympa !

En savoir plus sur le programme de médiation numérique à Quimper :
https://www.quimper.bzh/actualite/37009/3-le-programme-des-animations-numeriques-avril-juin-2023.htm